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Ecriture au stylo, écriture au clavier

Photo du rédacteur: Anne-Gaël TissotAnne-Gaël Tissot

Dernière mise à jour : 12 avr. 2021

Souvent l’ enfant souffrant de dysgraphie sévère se voit proposer de ne plus écrire et d’utiliser un clavier à la place d’un stylo.

Les enfants qui utilisent très tôt un clavier pour écrire rencontreraient t-ils plus de problèmes d’écriture et de lecture que les enfants qui manipulent un stylo? Finalement, quels avantages y a-t-il à apprendre l’écriture manuscrite ? Que perdrait-on si elle n’était plus enseignée ? Prenons le temps de revoir quelques résultats de neurobiologie récents appliqués à la pédagogie de l’enseignement de l’écriture cursive.


Les exercices d’écriture sont bons pour la lecture


Premier constat : lorsqu’on reconnait une lettre par la lecture, on active les mêmes zones du cerveau que celles qui sont mises en jeu lorsqu’on trace la lettre cursive. Le mécanisme de la lecture fait appel à une mémoire qui n’est pas seulement visuelle, mais aussi sensori-motrice : les zones cérébrales qui exécutent les mouvements de l’écriture cursive et sentent en même temps les tensions musculaires résultant du mouvement, sont mises en œuvre automatiquement lorsqu’on lit.


Or, ce réseau cérébral se met en place lorsque on apprend en même temps à lire et à écrire avec un stylo. Lors de l’apprentissage de l’écriture au CP,  les enfants qui apprennent la lettre A associent sa forme visuelle avec le son [a] et le mouvement qui permet d’écrire un « A ». La correspondance entre le mouvement graphique et la forme produite est unique : à chaque lettre correspond un seul mouvement.


Le cerveau est mieux mobilisé par l’écriture manuscrite


écriture cursive cerveau
la zone du cerveau impliquée dans l'écriture

Pour le montrer les chercheurs ont testé chez des enfants âgés entre quatre et cinq ans le lien entre l’écriture cursive manuscrite ou au clavier et l’apprentissage de la lecture. Ils ont trouvé que l’apprentissage de l’écriture manuscrite était bénéfique : les enfants reconnaissaient mieux les lettres qu’ils avaient écrites à la main. Au contraire, les enfants ayant appris au clavier avaient des difficultés à reconnaître certaines lettres. Ainsi, il est bon d’apprendre à écrire avec un stylo, si l’on souhaite développer une bonne reconnaissance visuelle des lettres. Le clavier semble donc peu recommandé lorsqu’on est encore en apprentissage de la lecture, que ce soit en maternelle et primaire, ou plus tard, si on a encore des difficultés avec l’écriture cursive ou la lecture.


Clavier et dysgraphie


Pour les enfants et les adolescents qui souffrent de dysgraphie et de dyslexie, avant de passer à l’ordinateur, il est donc préférable d’essayer une rééducation de l’écriture, puisque le fait de passer au clavier va influer sur les capacités cognitives leur manière de traiter l’information écrite.


Si il est vrai que dans certains cas de dysgraphie les plus sévères, le passage à l'ordinateur permet une adaptation qui favorise les apprentissages, ces cas sont finalement extrêmement rares. De mon point de vue, le passage à l'ordinateur ne devrait être envisagé que comme une dernière option et non pas comme une réponse générale aux problèmes d'écriture. Dans une très grande majorité de cas il sera possible d'obtenir une amélioration de l'écriture cursive qui permettra de continuer dans les apprentissages sans souffrance. Et en tirant parti de tout les bénéfices de l'écriture manuscrite pour la mémorisation.



 

Pour aller plus loin :


Pour l'enseignement de la tenue de crayon, je vous recommande ce petit livre d'explication que je vous met à disposition en téléchargement (gratuit) ici. Pour ceux et celles qui sont intéressés et veulent en savoir plus sur ces aspects de l'enseignement de l'écriture il m'arrive d'organiser régulièrement des formations en visio-conférence sur ce sujet (en général le mardi soir à 20h30). Regardez les dates sur la page formation.

Et un peu de bibliographie :


M. LONGCAMP et al.,

in Acta Psychologica, vol. 119(1), pp. 67-79, 2005.


J. L. VELAY et al.,

sous la direction de E. Gentaz et P. Dessus, Dunod, pp. 69-82, 2004.


M. LONGCAMP et al.,

in Neuroimage, vol. 19(4), pp. 1492-1500, 2003.

 
 
 

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